Location Airbnb en copropriété : ce que dit vraiment le règlement
La location Airbnb en copropriété soulève de nombreuses questions juridiques et pratiques. Entre les règles spécifiques des règlements de copropriété, les risques encourus par les propriétaires loueurs, et les évolutions législatives récentes, il est essentiel de comprendre précisément le cadre légal et les bonnes pratiques pour éviter tout litige. Cet article vous guide pas à pas.
Cadre légal de la location Airbnb en copropriété
Le règlement de copropriété : la base de toute décision
Le règlement de copropriété est un document fondamental qui définit les droits et obligations des copropriétaires, ainsi que les règles d’usage des parties privatives et communes. En matière de location meublée touristique comme Airbnb, ce règlement joue un rôle central. Il peut contenir des clauses spécifiques encadrant ou interdisant cette pratique.
On retrouve notamment :
- L’interdiction expresse des meublés de tourisme, par exemple une clause interdisant strictement toute location saisonnière sous peine de sanction.
- La clause d’habitation exclusive, qui impose d’utiliser son lot uniquement comme résidence principale et interdit par extension la location courte durée.
- La clause dite “bourgeoise”, qui limite l’affectation des lots à une activité bourgeoise, excluant les activités commerciales ou lucratives comme Airbnb.
Ces clauses reflètent la volonté des copropriétaires d’assurer la tranquillité et la sécurité dans l’immeuble. Leur interprétation stricte peut entrainer une interdiction effective de location saisonnière.
Les règles de destination de l’immeuble
La notion de destination de l’immeuble est également essentielle. Elle détermine si l’immeuble est destiné à un usage exclusivement habitation, mixte (habitation et commerce), ou purement commercial. La destination conditionne ce qui est autorisé dans les lots.
Dans beaucoup de copropriétés résidentielles, la destination habituellement retenue est l’habitation, limitant formellement l’exercice d’activités professionnelles ou lucratives comme la location Airbnb.
Mais cette notion peut être floue, et la jurisprudence joue un rôle clé pour préciser les limites. Par exemple, plusieurs décisions ont défendu la possibilité d’une location courte durée lorsqu’elle ne génère pas de nuisances majeures et respecte les clauses du règlement.
La procédure d’interdiction ou de modification des règles
Pour interdire ou modifier les règles relatives à la location Airbnb, la décision collective en assemblée générale est obligatoire. Depuis la loi du 19 novembre 2024, une majorité des 2/3 des copropriétaires présents ou représentés est requise, remplaçant l’unanimité auparavant exigée.
Le syndic ne peut pas agir seul, il doit faire valider toute modification du règlement de copropriété par l’assemblée générale.
Cela rend le processus plus accessible tout en évitant les décisions arbitraires, apportant une meilleure sécurité juridique.
Les impacts concrets et les risques pour le copropriétaire loueur
Nuisances et troubles du voisinage : un motif d’action majeur
Le principal motif d’opposition à la location Airbnb en copropriété réside dans les nuisances qu’elle peut engendrer. Les troubles sonores, les allées-et-venues fréquentes, ou encore l’encombrement des parties communes sont des plaintes récurrentes.
Le voisinage peut agir en justice ou en assemblée générale en invoquant les troubles anormaux de voisinage. Ces actions visent à faire cesser des comportements nuisant à la qualité de vie collective.
Le risque est particulièrement élevé dans les immeubles où la cohabitation est étroite, et où les flux de visiteurs ne sont pas contrôlés ou encadrés.
Les sanctions encourues en cas d’infraction
En cas de non-respect du règlement de copropriété ou des décisions prises en assemblée, le syndicat des copropriétaires peut engager une action judiciaire à l’encontre du propriétaire loueur. Cette action vise généralement :
- La cessation immédiate de l’activité de location saisonnière illégale,
- Le versement éventuel de dommages et intérêts en réparation des préjudices subis,
- Parfois, une astreinte financière en cas de non-respect persistant.
Plusieurs jurisprudences confirment la légitimité de telles mesures, renforçant la vigilance des propriétaires quant au respect des règles.
Évolutions récentes : ce qui change en 2024-2025
Loi du 19 novembre 2024 (“Loi anti-Airbnb”) : points clés
La récente loi du 19 novembre 2024 modifie en profondeur le cadre juridique de la location Airbnb en copropriété. Elle assouplit la majorité nécessaire pour adopter ou modifier une clause traitant des meublés de tourisme, désormais fixée à 2/3, au lieu de l’unanimité auparavant.
Cette évolution facilite la mise en place de règles plus adaptées à la réalité locale, tout en incitant à plus de transparence. En effet, une obligation de notification au syndic lors de la transformation d’un lot en meublé touristique est instaurée. Cette formalité vise à mieux contrôler le phénomène et anticiper les impacts.
Application aux nouveaux règlements de copropriété
Par ailleurs, tous les règlements adoptés à partir du 21 novembre 2024 doivent intégrer une clause explicite sur la location Airbnb. Cette clause précise si cette activité est autorisée, encadrée, ou interdite, offrant ainsi une meilleure lisibilité aux copropriétaires.
Cette obligation crée un standard qui encouragera la prévention des conflits liés à l’essor massif des locations saisonnières dans les copropriétés urbaines.
Conseils pratiques pour louer sur Airbnb en copropriété
Pour louer légalement et sereinement en copropriété, voici une check-list des bonnes pratiques :
- Informez le syndic dès le début de votre projet, en respectant l’obligation de notification
- Vérifiez le règlement de copropriété pour identifier les clauses applicables sur la location courte durée
- Prévenez vos voisins afin de limiter les risques de conflits ou de plaintes
- Assurez une gestion rigoureuse : remise des clés, état des lieux, respect des horaires, gestion des déchets
- Impliquez une conciergerie spécialisée pour professionnaliser la gestion et réduire les nuisances
Modèles de clause type pour règlement de copropriété
| Clause interdisant Airbnb | Clause autorisant Airbnb sous conditions |
|---|---|
| « Il est formellement interdit d’exercer toute activité de location meublée de courte durée ou type Airbnb sur les lots privatifs, sous peine de sanctions conformément à l’article X. » | « La location meublée de courte durée est autorisée à condition de prévenir le syndic et de garantir le respect de la tranquillité et des parties communes. » |
Comparatif avec la location en maison individuelle
Contrairement à la copropriété, la location Airbnb dans une maison individuelle est moins encadrée réglementairement. Le propriétaire bénéficie d’une plus grande liberté, sous réserve du respect des règles d’urbanisme et fiscales. En copropriété, les contraintes collectives, la cohabitation et les nuisances potentielles obligent à une vigilance accrue.
Focus sur la fiscalité spécifique
Les revenus issus de la location Airbnb en copropriété sont soumis aux mêmes obligations fiscales que dans une maison individuelle. Ils doivent être déclarés dans la catégorie des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC) pour les locations meublées. Le statut micro-BIC avec un abattement de 50 % s’applique si les recettes annuelles ne dépassent pas 72 600 €.
Attention, ces revenus peuvent aussi avoir un impact sur votre taxe d’habitation ou votre impôt foncier, et doivent être intégrés dans votre déclaration annuelle.
Conclusion
La location Airbnb en copropriété est un terrain complexe où se mêlent règles légales, volonté collective et enjeux de voisinage. Comprendre le règlement de copropriété, suivre la procédure légale pour toute modification, et adopter des bonnes pratiques de gestion est indispensable pour louer sereinement. Les récentes évolutions législatives offrent un cadre plus clair, encourageant un équilibre entre rentabilité et respect de la qualité de vie.

